Traduire




« Voilà pourquoi, à ne considérer l’espérance que sous le mode de l’illusion, de la déception, à ne vouloir comprendre l’espérance qu’en raison des errements supposés qu’elle nous ferait subir, on oublie trop volontairement ce que réalise l’espérance : l’action même de l’espérer sur la vie. C’est convoquer l’autre ou le monde en le nommant, c’est appeler la vie à être, à se figurer, à se métaphoriser, à se traduire. C’est confier la vie à la force jussive d’un appel, et du langage. Les grands traducteurs sont souvent ceux qui racontent l’arrachement et leur migration d’une langue à l’autre comme on raconte une traversée mouvementée, une odyssée. Traduire sera toujours espérer. C’est l’expérience que je réalisais, avec le sentiment brûlant que les mots me manquaient. »

Frédéric Boyer, Là où le cœur attend, P.O.L

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