Aïd




Sa main mauve posée sur le rocher enflammé
Ard dans le soleil sans clémence du Levant
Quand un syrphe vient en frôler l’immobilité

Le vieillard fouille la transparence du ciel
Dans l’éclat du matin cherche l’ombre d’un sens
Il n’y a de dieu qu’un dieu de sacrifices
Dont la seule réponse sera l’abandon
La lame se pose sur la pâleur du cou
Le souffle de l’enfant bute contre le silex
Le père implore ce ciel muet et hostile
Aucun archange n’en traverse le bleu fébrile
Tout se fige dans le sombre silence de Garizim

Ce jour les hommes s’emparent des terrasses
Accaparant le soleil et le bruit du vent
Et d’une lame levée vont chacun à son offrande
Sans un cri ni brutalité aucune
Dans la paix de l’aube offrent une vie           
Célébrant la fin des antiques holocaustes
Un trait de sang au seuil d’un nouveau monde

Dans la tension mate de la mort
Les affileurs affûtent et la médina siffle
Les enfants crépitent autour des braseros
Consacrent dans le fumet de chair brûlée

Sacrifier comme nouer le lien



(extrait de mon poème Tacles, publié aux éditions Slaïki, Tanger 2016)

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