Sur le visage de Tamer
There’s a killer on the road
À gratter
dans ce désastre et récolter
Glaneurs de morts et de ruines et
d’espoirs
S’emplir la gorge de haine
Les vociférations sont prières
Sur le suaire, un reste de sourire.
Cynique presque. Quelle énergie !
(Un ange prognathe monte quatre à
quatre les marches de cet escalier en colimaçon baigné d’une lumière dorée et
qui conduit dans une suante élévation jusqu’au petit appartement où vit et
écrit sa musique Tamer Abu Ghazaleh. Le printemps arabe a balayé les rues
alentour d’un épais nuage de gaz, qui laisse la jeunesse larmoyante de
l’illusion chaleureuse et vitale du bonheur d’exister et de pouvoir changer le
cours des choses. Le Caire transpire de l’agitation de la vie qui bat son
plein. Tamer écrit de nouvelles chansons. Oum Keltoum gémit, icône recluse, qui
par le trait de sa voix a su traverser tous les pouvoirs. Tamer rêve en
colimaçon. Il s’est revêtu d’un gilet de plastique orange fluorescent, pour que
dans la rue couverte de brume, on le perçoive de loin et que l’on sache sa
panne. Il est de la couleur du temps. D’une flamboyance crépusculaire. Un
printemps annonce, dans tout son enthousiasme bourgeonnant, qu’il suscite des
automnes douloureux).
Il s’est fait
icône. Habillé d’une large toge d’un orange criard, comme un personnage de
Giotto grimé en bonze, il dessine de sa main le signe d’une bénédiction.
Les incidences sur le visage de Tamer.
Son profil
rapace. L’œil stupéfait. Narquois et minéral. Le bec serré prêt à fendre.
Busqué et grave. Altier. Le long cou blanc. Opalin. Satiné. Le torse glabre et
les tétons roses. Tendus. Désirants. Le corps velouté et cambré. Confondant.
(extrait de mon livre-poème Je n'étais pas là (Cheminement I - Fragments et débris), éditions Al Manar, Paris 2017 - www.editmanar.com )
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