L'orage arrive



El se pare de fleurs en se décidant icône. El se couvre de dahlias rouges et sombres, de lys roses et carnés, d’iris bleutés en vague tigrée. El s’habille de branches brûlantes de bougainvillées violacées, d’hibiscus précieux et mourants, de roses fanées et odorantes. El disparaît dans des plis de tubéreuses somptueuses de parfum, derrière des envolées de daturas mortifères et sereines, sous des grappes de glycines habitées de ruches entières et de soleil. El est elle-même, El est entière.

Le vent balaie les champs mauves ondoyants d’iris combattants et épuisés. Lente mouvance d’une onde violette de résistance rompue. Les corolles comme déchiquetées sur leurs épaisses tiges vert-de-gris ploient et se déplient et gémissent dans un pétillement lavande, parme et byzantin, parsemé des œillades orange de marguerites éparses et esseulées. L’orage arrive.

El sait qu’El va devoir se surpasser, et tout en fumant cigarillo sur cigarillo, El se pare de cacatoès et de buses effilées, de perruches bavardes et de loriquets flamboyants, de chouettes sagaces, d’un vautour digne et silencieux, d’une floraison de martinets rieurs et enjoués,  d’une huppe distraite et d’un rossignol du Japon. El est belle, El est vivante.

(extrait de mon livre-poème Je n'étais pas là (Cheminement I - Fragments et débris), éditions Al Manar, Paris 2017 - www.editmanar.com )

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