Le Charmeur de rats

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- Ligne d'horizon !
Confins des confins, saison d'entre les saisons !
Trahisons ! -
La voilà bien ta rime, trait de l'horizon !

Coureur de fonds
Dans ses bottes de sept lieues, la flotte,
Qui nous a distancés une fois
Pour toutes - plus loin que l'œil ne voit, que le front :

Rêvemiton !
Qui fait fondre le réel
Comme cire, -
Au-delà de nos cris, de nos peines !

Spleenomètre !
Bleu sur bleu (et je retiens deux),
Coup de craie sur l'ardoise écolière
Qui donne et la mesure et la vitesse de la peine :

Escamotœil !
Parmi les petits princes sibériens
Circule - bien fondée - l'histoire
du goulu gobeur d'œil.

Bien fondée en effet
Cette folie féminine brûlante
De hordes et de hardes -
Pour l'engloutisseur glouton des mystères.

Tractœil !
Retirœil, crèvel'œil, arrachœil !
Oh, si bleu -
Ton œil bleu, horizon !

(...)



Marina Tsvetaeva, Le Charmeur de rats, La Barque (traduit du russe par Évelyne Amoursky)