Comme un rêve à midi



Il n'a pas pensé un seul instant que le jardin se trouvait exactement derrière sa chambre
Qu'une dame dormait seule dans l'autre appartement
Chaque soir elle prépare un dîner froid pour deux
Elle allume une bougie
Elle tamise les lumières pour que les voix glissent
          dans son lit
Et qu'elle dorme dans leurs plis

Elle choisit son visiteur comme elle choisit un rêve
Ou comme elle meuble un désir ;

La porte est pour la clef
Et les marches sont l'odeur de l'étranger
Accumulé dans l'absence.
La fleur du jasmin est le balcon du passé
La clôture est le tempérament des seins
Le genre d'amour
L'herbe lointaine, les gens dans un monde de prétextes
Où chaque moment a sa voix
Et chaque souhait une aile.

Il n'a pas pensé un seul instant ouvrir la fenêtre
           sur le jardin
Où l'étonnement des fleurs a éclos, sans attendre,
Comme un rêve à midi
Au-dessus du petit pommier !



Ghassan Zaqtan, Comme un rêve à midi, Éditions Al Manar (traduction de l'arabe - Palestine - par Antoine Jockey).

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