La chanson du verger
Ma fille
Lorsque tu vas cueillir les coings
Ne me réveille pas
Je suis mort depuis longtemps, comme tu le sais,
Je dors sur une pierre froide comme un été ancien
Le soleil me retourne à droite ou à gauche
Et les oiseaux picorent ma tête
La lumière m'a passé à l'ombre
Et l'ombre à la lumière
Lorsque j'ai rejoint l'autre rive
Les langues des esclaves et leurs accents
emplissaient la nuit
Leurs talismans saisissaient les souvenirs
Et les tiraient derrière eux
comme une multitude de fourmis
Les tambourins des chanteurs nageaient
comme des radeaux autour d'un rayon
Et me soulevaient dans un air de gaieté
J'étais au bord du verger, le verger de cognassiers,
Probablement en train de lire à l'émir captif
un de ses poèmes :
Si seulement tu t'apaisais...
Ghassan Zaqtan, Comme un rêve à midi, Éditions Al Manar (traduit de l'arabe - Palestine - par Antoine Jockey)
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