SOIXANTE ET UN
n'ai rien écrit sur l'île
italienne
pas le moindre mot
silence lumière
j'absorbais l'un et l'autre
avide
sur la pente ouest
vignes et buissons sauvages
le sol descend vers une mer
inaccessible
tout ce bleu
il fait très chaud
les cailloux roulent sous nos pas
nous sommes deux
et c'est comme si
nous découvrions le monde
aujourd'hui dans la ville bruyante
je me souviens
je pose un cadre
je découpe
végétation ciel mer
et tout déborde de beauté
le vert argent du feuillage
le tronc noir des oliviers
le vol en cercles du rapace
et l'éclair d'un lézard
j'ai vidé la bouteille d'eau
sur ma tête bouillante
me suis assise
dans une petite ombre
les strates de bleu
de ciel et de mer
et l'immensité de l'horizon
nous étions deux dans ce paysage
qui refuse le cadre
c'était avant
lorsque nous partagions
le paysage
Catherine Weizaepflen, Le rrawrr des corbeaux, Flammarion.
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