Étoiles assombrées



La lucarne faillit
Étoiles assombrées
Où le rideau fut levé

Il pressentait qu’il ne savait pas

Je pris et tu pris
À l’algarade des sens
Ma pensée aussi et la dévotion
Et ta croyance
Croire surtout et impie
Alcade tu m’es
Langue et monde de frémir

Il fut guerroiement
Je disais alors combien je te brisais
Liberté scellée du seul mot
Jusqu’à épuiser l’authenticité
Pressentiment mutique de loyauté
Silence et joute
Au sceau chacun soumis
Je guerroie
Principe du souffle

Courtoise ineptie que l’équilibre
Mais l’éclatement
Mais le chaos radieux
Mais le désordre
Principe du souffle où  je te
Guerroie et tout sera cela
Je nous désordre
Nous vis

Et l’Homme, le seul peut-être, prit le fusil qu’il pointa sur son ventre et attendit que le soulagement d’une constellation de plomb embossât ses entrailles. Les sourcils souriaient. Le dos au mur.

La fatigue du nerf brisé
Je te guerroie
Certitude désormais
Rictus de la certitude
De vérité que soit faussée
La concordance et les gréements
Béquilles du blessé
Vanités de la blessure

Aurais-tu voilé ta sainteté ?

Tout rompre tout
Creuser à la trame
Rendre l’âme et le reste
Rompre le lien et le verbe
Jusqu’à ne plus entendre

A-t-on seulement pensé qu’Icare se vit tomber ?

Entre nos vivants et notre mort
Entre à l’entre-deux
Sur le fil du monde la place donnée
À l’orphique orée du pas franchi
Funambule du soupçon
Désir de chute et de souffle coupé
Je te vis

Au-delà du don
Pas à l’amour mais là
Abnégation de toi et moi ton oubli
Souffle coupé ras

Table rase aussi
Où je t’ai guerroyé

Tu m’as retourné la face contre le mur et de moi n’est restée qu’une plaque d’aluminium incurvée où s’accumulèrent avec la nuit des temps les gravats. Tu appelais cela salut. La stridence des cris te brisait.

(extrait de mon recueil Stèles océanes, éditions Al Manar, Paris 2015 : https://editmanar.com/book-author/guiguet-bologne-philippe/)

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