Les faunes de Bouknadel
L’anachorète sortit
de sous sa couverture et, dans la nuit, d’un large geste, il essaima ses propres
ténèbres.
d) Dans la lumière rasante d’un couchant d’été, des
faunes assis sur un muret regardent le détroit devenir mauve, parme, violine,
puis s’acharner dans les gris les plus délicats pour s’assoupir dans la nuit.
Une absence se creuse où le paysage disparaît. Un joint passe de main en main
et effleure de sa saveur acide les lèvres pulpeuses. Les étoiles s’allument les
unes après les autres, les yeux pétillent, des rires s’enchaînent et la chaleur
de l’amitié habille le crépuscule. Les
jeunes sauvageons s‘apprêtent à hanter une nouvelle nuit pour enfin jouir d’une
nouvelle aube. À Sidi Bouknadel, sur le balcon du
monde, ils tressent les jours dans la désinvolture de l’éternité.
Les yeux rougis, l’ange
prognathe se laissa saisir d’un vertige.
(extrait de mon livre-poème Je n'étais pas là (Cheminement I - Fragments et débris), éditions Al Manar, Paris 2017 - www.editmanar.com )
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