elle sait que sa bouche encombre son corps dansé



Teresa devine les reproches, fait grincer les sons, surjoue sa mélodie. Des bosses gonflent son cou, on ne sait pas qui fait le sale boulot. Formes issues d'une mère Léviathan. Elle écrit des chorégraphies qu'elle classe en cahiers successifs. Vibre au point que les murs tremblent. Jette les satins, griffe le vernis des tissus, respire l'odeur du bois, parle aussi vite qu'elle mange, avale les sons, en fait de drôles de sens. Elle se peint les ongles de toutes les couleurs, elle tourne, elle tombe, elle renverse, elle jette, elle balance, elle recherche les bagarres, elle observe les filles, les femmes, les vieilles, les mendiantes, les solaires. regarde d'un peu plus loin les garçons, les drogués, les alcooliques, les prostitués, les gardiens édentés. Son insolence lui coupera la tête. Elle avance sur ta ligne de chance. Elle veut tout entendre du monde, elle perçoit les secrets trilingues, elle sent le temps remonter, elle sait que sa bouche encombre son corps dansé.



extrait de L'hypothèse TⱯnger, d'Anne Malaprade, Centre international de poésie Marseille

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